« Il était une fois un entrepreneur à Pékin » Interview de Jean Baptiste Audran

 

Aujourd’hui nous avons le plaisir de recevoir un entrepreneur français basé à Pékin, Jean Batptiste Audran et qui va nous parler de son parcours entreprenarial en Chine.

 

Jbaudran1/ Peux tu te présenter aux leteurs de Marketing Chine

 

Bonjour, je m’appelle Jean-Baptiste Audran. Je suis originaire de La Gacilly, en Bretagne. Je vis à Pékin depuis 2004 ou je suis arrivé dans le cadre de mes études (MBA exchange program (BEIWAI Diplomatic University)). Après mon diplôme, j’ai travaillé pendant deux ans pour une agence immobilière locale (Joanna Real Estate) en tant que Business Development Manager; puis j’ai rejoint une autre agence, WGD Real Estate Beijing, pour laquelle j’ai développé le département bureaux et locaux commerciaux. Grace a ces deux expériences, j’ai compris qu’il y avait un décalage entre ce que proposaient les agences locales et ce que les étrangers attendaient en terme de service. D’ou la création de ma première société.

 

 

 

2/ Présente-nous s’il te plait tes sociétés ? 

J’ai monté deux sociétés à Pékin, quasi en même temps : la première SCOUT Real Estate, une agence immobilière et la seconde Crêpanini.

 

J’ai donc fondé l’agence immobilière SCOUT Real Estate en 2008. Nous proposons des services de location et ventes dans le résidentielles, espaces de bureaux et les locaux commerciaux. Chez SCOUT, je suis en charge de la partie administrative et marketing, ainsi que de notre business unit « Bureaux et locaux commerciaux ». Mon associé, Gregory Desbuquois, gère la business unit « relocation » : nous relogeons les expatriés et leur famille et les aidons à s’intégrer à Pékin.

Dans les premières années de SCOUT, j’ai réalisé beaucoup de projets dans le F&B, accompagnant nos clients à chaque étape (développement du concept, business plan, recherche d’emplacement, plan d’aménagement des locaux (salle, cuisine…), aspects légaux, recrutement…). Parmi nos clients, figurent des sociétés comme Amandine Bakery, Bite a pitta, Crêpanini, Enoterra, Obentos, Le Zazou, Ganges Restaurant, INK, Parnas, L’Atelier Bakery, etc…

C’est en recherchant des emplacements que j’ai trouvé un emplacement unique en plein Sanlitun mais qui n’intéressait alors aucun de mes clients. Depuis quelques temps, j’avais dans la tête de monter une crêperie et j’ai rencontré par hasard Nicolas Raoul, un breton, qui cherchait lui aussi à ouvrir une crêperie à Pékin, et nous nous avons ouvert notre premier magasin Crêpanini en 2009. En 2013, nous avons ouvert deux autres emplacements : Nanluoguxiang et un kiosque sous une tour Eiffel de 13 mètres de haut, dans le centre commercial Park View Green.

 

3/ Qu’est ce qui t’a poussé à venir en Chine ? 

Lorsque j’étais en stage à Singapour et en Australie, tout le monde me disait qu’il fallait aller voir en Chine. Mon MBA en Angleterre proposait un cursus en Chine, je me suis dit que c’était l’occasion d’aller voir. Résultat, 12 ans après j’y suis encore !

 

4/ Qu’est ce qui a le plus changé en Chine selon toi ? 

Vaste question ! Beaucoup de choses ont changé depuis 2004 : lorsque je suis arrivé à Pékin, le CBD n’existait quasiment pas, il y avait des champs à la place de beaucoup des tours actuelles. Il y avait très peu de voitures, jamais de gros bouchons. J’ai vu Pékin énormément changer avec la préparation aux JO 2008 : urbanisation, développement économique, lignes de métro… L’enrichissement de la population se voit par beaucoup d’aspects : les gens se déplacent beaucoup en voiture ; quand je suis arrivé, les gens étaient vêtus de couleurs sombres, maintenant, les chinois suivent la mode. Les mentalités ont beaucoup changé aussi.

Le plus gros changement : l’inflation : 12 RMB pour 1 EURO, maintenant, on est à 7 RMB pour 1 EURO. Il y a douze ans, on vivait très bien à Pékin avec 6000 RMB ; maintenant, il faut 20000 RMB ou plus.

 

Si j’ai ouvert une crêperie en 2009, c’est aussi que manger français me manquait. Il y a douze ans trouver des restaurants ou même des ingrédients pour cuisiner étranger était très difficile, maintenant, on trouve de tout, l’un des avantages de l’augmentation du niveau de vie de la population chinoise !

 

5/ Les manières de faire du business en Chine ont-elles changé dans ton secteur

Si oui comment ? 

 

Dans le secteur de la restauration comme dans l’immobilier, la compétition est devenue beaucoup plus importante ; les loyers ont beaucoup augmenté et les clients sont devenus de plus en plus exigeants. Nous avons donc dû nous structurer de plus en plus.

 

 

6/ Peux-tu nous donner ton avis sur l’immobilier à Pékin, les tendances et le futur de ce marché en Chine

C’est un marché qui est très soutenu par le gouvernement, les prix ont atteint des niveaux qui ont dépassé toutes les espérances et il est très possible que les prix diminuent si le contexte mondial ne s’arrange pas. Du coup, les gros investisseurs chinois investissent de plus en plus à l’étranger. Le retour sur investissement est maintenant moins intéressant qu’il y a dix ans, tout au moins dans les grandes villes.

Je pense que l’immobilier de loisir (centres, stations de ski / balnéaires) devrait se développer – notamment avec les Jeux Olympiques de Pékin 2022.

 

7/ Est ce que les manières de manager les chinois ont changé pour toi ? 

On rencontre de plus en plus de profils expérimentés, et cela permet de plus déléguer. Il y a 10 ans, il fallait tout apprendre à une nouvelle recrue mais les gens étaient plus travailleurs, maintenant il faut être plus souple, il faut leur laisser de la place pour s’exprimer : les gens sont plus créatifs mais deviennent aussi plus sensibles à la critique. On se rapproche des modes de management à l’occidentale. Pouvoir s’exprimer est maintenant important pour les chinois.

 

8/ Peux-tu nous parler de tes projets ? Réalisés et Futurs… 

Dans les projets que nous avons réalisés, il y a par exemple, la Maison France-Chine : c’est un projet que nous avons coordonné pour la Chambre Française de Commerce et d’Industrie Française en Chine (CCIFC) : Le projet comprend deux étages d’un immeuble de 3 étages, il fallait tout rénover, y compris les murs extérieurs. La Maison France-Chine accueille maintenant plus de 20 entreprises françaises dont la CCIFC, Alinea, Anthogyr, la Maison de la Chine, Paris Ile-de-France CCI, Crêpanini, HEC, Impeto Medical, Leaf, LLR, Scout Real Estate and Tailor Made Chinese Center…

scout

Pour Crêpanini, la Tour Eiffel était un beau challenge.

 

 

 

 

9/ Si tu devais résumer ton histoire d’entrepreneur en Une phrase, quelle serait-elle ? 

Le plus important n’est pas le résultat mais l’expérience que tu acquiers sur le chemin.

 

10/ si c’était à refaire… le referais-tu ? 

Oui.

 

11/ Un entrepreneur est-il différent du reste de la société ? 

Un entrepreneur prend plus de risques, surtout en Chine.

 

Je vous invite à voir cette interview vidéo aussi . Intéressant.

Témoignage de Jean-Baptiste Audran, Président de l’association Zhongbreizh from BDI on Vimeo.

 

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